Un oiseau vieux de plus de 40.000 ans et quasiment intact découvert en Sibérie Par Anne-Sophie Tassart le 21.02.2020 à 17h17
Des paléontologues ont mis la main sur les restes incroyablement bien conservés d'un oiseau. Une datation a permis de découvrir qu'il parcourait l'actuelle Russie il y a plus de 40.000 ans.
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Eremophila alpestris est une espèce d'oiseau qui vit toujours actuellement.
© MARY EVANS/SIPA
De nombreux restes d'animaux particulièrement bien préservés ont été découverts dans le permafrost, ce sol en permanence gelé que l'on trouve notamment en Sibérie et en Alaska. Parmi ces trouvailles, il y a eu par exemple un chien-loup âgé de 18.000 ans ou encore un lion des cavernes. Cette fois, c'est le corps d'un oiseau qui a été mis au jour dans un incroyable état de conservation.
Une espèce encore présente aujourd'hui
Les chercheurs en sont pleinement conscients : les fossiles retrouvés dans le permafrost offrent une occasion unique d'étudier le passé. Mais bien souvent, les études ne sont menées que sur des tissus préservés de grands mammifères déterrés comme par exemple des mammouths. "À notre connaissance, aucune carcasse d'oiseau congelée n'a encore été décrite dans les gisements de permafrost du Pléistocène supérieur", relate dans une étude parue le 21 février 2020 dans la revue Communications Biology une équipe internationale de recherche. Elle a eu la chance de découvrir un tel spécimen.
Celui-ci a été déterré au nord-est de la Sibérie, à trente kilomètres du village de Belaya Gora. Une datation au carbone 14 a permis de découvrir qu'il avait vécu il y a entre 44.000 et 49.000 ans. Les paléontologues ont extrait de l'ADN à partir du tissu du spécimen permettant ainsi d'établir son profil génétique afin d'identifier l'espèce. Ils ont ensuite cherché une correspondance dans une base de données permettant ainsi de découvrir que cet animal mort il y a des milliers d'années était une femelle alouette hausse-col (Eremophila alpestris). Encore présente en Russie aujourd'hui, cette espèce affectionne particulièrement les grands espaces ouverts tels que les steppes. Le Centre de paléogénétique, un établissement commun à l'Université de Stockholm et au Muséum d'Histoire naturelle suédois, qui a participé à l'étude, a dévoilé dans un tweet une photo du spécimen en question dont l'état de conservation est incroyable.
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Un vestige du passé qui aurait pu être détruit par les chasseurs d'ivoire fossile
Les tissus et l'ADN sont généralement bien conservés dans le permafrost. Les chercheurs mettent la main sur des mammifères recouverts de poils ou possédant des dents quasiment intactes. C'est une chance car le site comprend une série de tunnels, fruits du travail des chasseurs d'ivoire fossile, c'est-à-dire, d'ivoire de mammouth.
Dans ce cas, la carcasse de l'oiseau a été retrouvée dans l'un de ces tunnels à une profondeur d'environ sept mètres. Une aubaine, car généralement les activités de ces hommes rendent difficile le travail des chercheurs. "Les méthodes utilisées par les chasseurs d'ivoire fossile peuvent endommager les restes d'animaux d'une valeur scientifique particulière, notamment ceux dont la taille corporelle est faible et ne sont pas faciles à identifier", soulignent les auteurs de l'étude.
La découverte de tels fossiles permet d'en apprendre plus sur le comportement d'espèces éteintes et le séquençage de leur ADN permet l'étude de leur évolution, de leur extinction mais aussi de l'histoire de leur hybridation avec d'autres espèces. En outre, "ces vestiges présentent un grand intérêt pour la paléontologie car ils permettent de mieux comprendre l'impact du changement climatique" sur les animaux, soulignent les chercheurs. Bonne nouvelle : le permafrost sibérien regorge de ces fossiles.
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