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Le Crave à bec rouge





Le Crave à bec rouge

Pyrrhocorax pyrrhocorax-Gralla


Nous sommes au pied d’une falaise (pourquoi pas ? en tout cas ça m’arrange car je dois vous parler d’oiseaux rupestres, c'est-à-dire nichant sur les falaises). D’ailleurs, voyez plutôt, là, devant nous cet oiseau noir chutant les ailes collées au corps, un candidat au suicide ? Que nenni ! Hop ! Tout prés du sol, il a ouvert ses ailes et le voilà qui remonte le long de la paroi en décrivant des cercles. Mesdames et Messieurs vous venez d’assister à un numéro de haute voltige qu’affectionne notre oiseau du jour : j’ai nommé le Crave à bec rouge, sous vos applaudissements s’il vous plait !

Ce Corvidé (famille des Corbeaux) de taille moyenne (40cm, entre le Choucas et la Corneille) est en effet un as de l’acrobatie aérienne ; il est tout noir, à l’exception des pattes et du bec rouges (bec plutôt jaune orangé chez le jeune). Ce bec rouge, long et courbe est souvent le meilleur moyen de le distinguer de son proche cousin le Chocard à bec jaune qui occupe à peu prés les mêmes milieux que lui mais généralement à une altitude plus élevée, prés des sommets et dont le bec, plus court, est évidemment de couleur …bleue ( je le savais certains ne suivent pas !).



Le Crave à bec rouge habite les massifs montagneux fréquentés par les troupeaux avec de nombreuses falaises, gorges et autres escarpements rocheux.

Pourquoi notre oiseau recherche-t-il la présence des troupeaux ? Précisons, avant tout qu’il est insectivore et je pense qu’il ne vous aura pas échappé que les bouses, crottes et autres crottins (naturellement déposés au milieu du sentier où votre pied distrait ne les avait pas vus), attirent certains insectes dits coprophages qui en font leur miel avant de faire eux-mêmes le régal de notre oiseau (pas de moue je vous prie, voyez plutôt ici un magnifique exemple de la chaîne alimentaire : la vache mange l’herbe, sa bouse est utilisée par le Bousier qui sert de déjeuner au Crave qui lui-même sera peut-être la proie d’un grand rapace et cela fonctionne depuis des millions d’années !). Le Crave consomme également des orthoptères (criquets, sauterelles…) ainsi que des mollusques et des graines.

Il niche en falaise dans des cavités (lieu sécurisé s’il en est mais qui n’échappe pourtant pas à l’attention de prédateurs tels que le Grand corbeau, pour ses œufs et sa nichée, le Faucon pèlerin ou le Hibou grand-duc). Il se regroupe en petites colonies lâches (dont les nids sont relativement distants les uns des autres) où il élève 3 à 5 jeunes.

Il est sédentaire, les immatures (fermement priés par leurs géniteurs d’aller voir ailleurs s’ils y sont !) sont erratiques c'est-à-dire qu’ils recherchent un endroit favorable pour fonder leur propre famille, idem pour les adultes non reproducteurs.

Les populations de cette espèce ne sont pas très abondantes tant au niveau européen que national ou régional et plutôt en déclin. Dans notre département les effectifs semblent plus stables en haute montagne que dans les massifs moins élevés (entre 70 et 100 couples).

Les menaces sont connues, pour son nourrissage c’est la fermeture des milieux et l’abandon du pastoralisme (les deux étant liés) et les aménagements lourds transformant les milieux. Pour sa nidification, ce sont les dérangements des sites (escalade et autres sports de falaises, signalons, à ce sujet, que les clubs pratiquant ces disciplines sont le plus souvent sensibilisés et respectent les sites occupés par les espèces rupestres) et ce sans attendre que le Crave se rebiffe au son du Crave tambour (humour ! les cinéphiles comprendront).

Bonnes observations !

Yves Demonte

Crédit photos: Jacques Laurens, Jean-Yves Bartrolitch

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